L’immédiat
Nécrophile
Je me satanise au salon
Je mange me goinfre m’hélium
J’ai besoin d’immédiat
Besoin d’immédiat
Je vote à reculons
Je walmartise mon fils
J’enseigne ma famille au magasin à une piasse
Me désaltère au centre d’achat
Je suis viande de Chevrolet
Je suis un produit de l’industrie de l’immédiat
J’ai besoin d’immédiat
Toujours besoin d’immédiat
Je tremble en soufflet de vapeur fumigène
En fumet incendiaire de souffre fort
Déchet sur rivière de smog
Toujours épris d’immédiat
Toujours besoin d’immédiat
De l’immédiat et du jetable
Grès de sédiment de chique
Sur le jello du St-Laurent
Qui déverse un givre vert
Comme couleuvre sur pays
Glisse sur vase noir cellophane
Sculptant le rock bouclier
Dix tonnes de dynamite brachiosaure
Dans le champignon que j’habite
Ma gorge grince de métaux lourds
Mes poumons ne bronchent pas
Coke épaisse qui dilate mes yeux
Dont l’humeur est un crachat arachnéen
Flamme de sang
Phénix déplumé
Je crève mais aveugle
Je suis quand même épris d’immédiat
Overdose de ciguë
Sangle sur les seins
Dans ma langue coupée
Je veux l’immédiat
Je mange pour l’immédiat
Je suis épris d’immédiat
Je pense à l’immédiat
Je dépense pour l’immédiat
L’immédiat c’est ma trompe
L’immédiat ma doléance
Mon œillère
Je suis fou de l’immédiat
Je travaille pour l’immédiat
L’immédiat c’est ma chlamydia
La médiatisation de l’immédiat
Ma médiation ma méditation
Toujours épris d’immédiat
Toujours besoin d’immédiat
De l’immédiat et du jetable
Toujours épris d’immédiat
Toujours besoin d’immédiat
De l’immédiat de l’immédiat de l’immédiat
Le stress
Le stress entre en mes entrailles comme la bactérie informe de me vie urbaine
Et je tremble en jarre craquelée de pain de caféine
Je suis un rongeur à queue tressée dans la dynamite infarctus d’un tonnerre
Je grince des dents à cailler l’émail, à m’en faire péter les couille
Et je cours en moi-même
Immobile
Je me retourne dans ma propre chair
Mon centre de gravité m’aspire et toute la pression du monde vient de l’intérieur
La vie pète ses matadores de silence sur mon cou cure-pipe
J’implose alors en millier de gouttelettes acides
Le goût des geysers au cœur
Et ce même cœur est le maillon d’une chaîne tirée par quatre rhinocéros
L’autre jour une vieille m’a dit :
Va sur le lac et soupire sur une branche
Prends un six pack
Et hume ta délivrance
Mais au cas où je n’en serais pas capable, et s’il arrivait quelques chose
J’ai peur de ne pas arriver à temps
J’ai peur de ne pas être mon être
J’ai peur de ne pas être conforme
Et je stresse
Je stresse d’être stressé
Le stress me stresse
Peureux dans ma peur
Heureux dans l’hapiness
Le stress me tresse le chest
Il est ma faiblesse
Il me blesse
Il m’enclume
Il m’encule
Il est ma mort
Qui remonte en mon échine
Comme le fruit d’un orgasme pulmonaire
Et je goûte alors
Dans mon palais séché
L’acariâtre reflue de la ciguë d’oxyde
L’autre jour une vieille m’a dit :
Prends un tit-breck ça va faire du bien à tout le monde icitte
Respire,
Jouis de la sangle fumigène des valérianes dorée
Paix, ashram, villas et ignorance
Ben
Soit ben
Soudain,
Je me réveille en sursaut et je suis dans la ville
Debout, sur la ligne jaune flashante d’un boulevard abimé
Il est quatre heures et quart et les chars me traversent le corps et provoquent en mon fantôme des chocs nucléaires
J’émane alors en spasmes tectoniques des vibrations pendant que mon cri suraigu perce les tympans et effrite les osselets des habitants du monde
C’est ainsi que le stress devient contagion
Pandémie
Le stress est cloison
Le stress est doute
Une mode tremblante qui effiloche la pensée
Un coup de point dans le ventre
Un boulet de l’agenda de plomb
Je ne sortirai jamais de mon carcan
Comme si on m’avait injecté du malaise à ma sortie de l’usine de Dieu
Chu d’une hécatombe
Je shake comme si on m’avait jeté dans un malaxeur de potion tonique
Comme si on avait cassé mon moule de pâte de chaux et de Red Bull
L’autre jour une vieille m’a dit :
Va sur le lac et soupire sur une branche
Prends un six pack
Et hume ta délivrance (bis)
La grogne me pogne
La grogne me pogne
Pis j’t’en esti
La grogne me cogne
Me zigonne
Elle me pognasse
Au cœur
Et la rage m’arrache
Les dents en étau
La furie m’attache
Et je crie, et j’en bave et je crache
Pendant au bout des cordes de mon arc
Pendant que mon bourreau dit a TV que tout va bien
Pan derrière la nuque
No futur jusque dans la lutte
J’en hais une criss de gang dans vie
Les flics
les curés
les menteurs
les impostillonneurs
Les faiseurs de lois
Les faiseurs de trouble
Les toucheurs de langue de bois
Les adécaquistes
Les polluticalleux
Les immédias sociaux
Comme si ma meute était en guerre
Sur les trottoirs, les garages, les auberges, les centres d’achat, dans les partys de familles, les banlieues trois petits points dans face
Trois petits points de soudures
Trois petits cochons qui font dur
Je pense à tous ces gens
Misanthrope
Et aux discours myopes
« Je fais comme si
Je suis comme ça
On me changera pas»
Va chier tabarnac
Et pis la grogne me sonne
Et résonne
Théâtrale
Je chique ma grogne
De la bubble grogne
Je la déballe lentement
J’entends les craquements
De son papier ciré
Et je sais qu’elle sera apaisante
Je la mastique, la remâche comme les idées de «c’est assez de faut que ça change»
Et je l’avale
Elle me collera dans l’estomac jusqu’à ce que je la rechise
Sur tout ceux qui m’ont fait chier jusqu’ici
Je suis Zen
Zen
Jusqu’à l’apatrie
Va sur le lac
Un moine bouddhiste dans une pharmacie
Toujours
De plus en plus
Zen
Retrouvez Pascal Pico Larouche sur son site